dimanche 11 septembre 2011

UBC - Impliquez-vous !

Ma fac est une marque.

A côté des conférences workshop informatives sans grande saveur, ce qui marque dans la semaine d'Orientation, c'est la conférence inaugurale. En grande pompe, elle consistait surtout en une suite de speakers tenant des propos SAV enflammés, en partie destinés à rassurer les étudiants internationaux "freshmen" sur le bien fondé de la dépense en frais de scolarité. Entre 15 et 20 mille euros l'année pour l'anecdote. Inutile de dire c'était inspiré, même beau parfois, mais passablement ennuyant. La plupart calibraient leur discours pour ceux obtiendraient leur diplôme à UBC. D'où l'étrange impression d'être un touriste qui envahit l'étudiant échange qui dépend de son université d'origine, et qui , à l'inverse de la majorité de la salle, ne passera que 8 mois en terre étrangère.

Mais le déroulé de la séance est assez instructif, sur la forme, qui révèle tout le travail de marketing fait sur la "marque" University of British Columbia. En introduction de la conférence phare de la semaines, visionnage d'une vidéo très corporate, qui donne le ton. L'informatique marche partout ici, soit dit en passant. 


Vous remarquerez le slogan, "A place of mind", qui joue habilement sur l'ambiguïté du mot "mind", l'esprit, l'intellect, mais aussi utilisé couramment dans un sens philanthropique, "mind", se soucier (implicitement, des autres, et de créer un monde meilleur). Il est placardé sur chaque lampadaire du campus.

Ce furent d'ailleurs les deux dimensions principales des conférences - "vous êtes brillants, et ici il faut vous impliquer, trouver votre passion". La doctrine de UBC en ce qui concerne la "socialization" nous fut plaqué en pleine face: ne vous inquiétez pas, même réjouissez-vous, ici nous avons les institutions pour vous créer un réseau et vous faire réussir. Rejoignez 12 clubs de sport et 34 associations, travaillez dur et tout ira bien. Et bien entendu, diversité diversité... "Chacun peut apporter sa richesse, d'où qu'il vienne". Et un speech obligatoire d'un représentant de la tribu de "Native Canadians" dont les terres furent volées pour construire le campus. Plus politiquement correct tu meurs.


Pour nous démontrer les succès auxquels les étudiants parviennent  la conférence inaugurale était savamment rythmée par des intermèdes - la fanfare a capella, ou un groupe de pop utilisant des instruments traditionnels chinois... quoi qu'il en soit l'auditoire sortait légèrement de sa léthargie.



Par dessus, toute une conférence de 2 heures intitulée "Comment se faire des connexions". J'ai séché. En bref, beaucoup d'éloquence, de grandiloquence et de charme qu'on se laisse rêver, presque au point qu'on en vient à se demander si on ne va pas être désenchanté tôt ou tard. "The rain is coming", comme on redoute l'hiver dans le reste du Canada. [Nota: Vancouver ne déçoit pas pour l'instant]. Pour faire justice aux organisateurs, il est vrai que les payeurs (= parents) se trouvaient pour certains dans la salle. 

Sur un campus dont la population journalière avoisine les 70 mille personnes, la proximité ne suffit pas. Les réseaux jouent surtout sur des cercles - le club de débat, les équipes de sport, les fraternités... et les étudiants en échange, qui à défaut de consommer du canadien en masse semblent pour l'instant préférer se mélanger avec modération.

UBC a surement un club pour tout ce qu'un étudiant peu rêver de faire. Sports depuis le parachute à la plongée en passant par les associations caritatives et à travers le club qui t'apprend à faire ta bière à la maison. Si tu descends 20 mètres sur ta gauche après la poterie (c'est pas une métaphore, la scène est à la gigantesque foire aux assos) tu tombes sur l'équipe de Quidditch moldu, sport tellement étrange et fantasmé que je me suis senti obligé de m'inscrire à la newsletter.

Ou pour ce qu'un étudiant est déjà : clubs pour chacune des licences, des clubs ethniques assez présents, pas comme Le Club Français dont je ne fais pas partie. Mot d'ordre: "Get Involved", impliquez-vous. Mais à première vue peu de "Indignez-vous" ou de politisation partisane ou syndicale très présente - ce n'est pas ici qu'il y aura des blocus au printemps. A premier coup d'oeil en tout cas. A bien y regarder, les élèves s'engagent, s'indignent - mais sur le modèle associatif du club autour d'une idée ou cause bien précise, comme par exemple la Fondation Canadienne du Foie.

Heureusement, il n'existe pas que ces moyens pour entretenir un petit cercle ici. Ne croyez pas que je vis enterré à écrire ce machin au lieu de me faire des amis géniaux au Club pour la Solidarité avec les Cancéreux de la Prostate. Les activités socialisatrices ne manquent pas - plage, tourisme, bar du campus ou boîte en ville, squats chez les internationaux ou avec les "flatmates" canadiens, ou colocataires de résidence. Les miens sont taciturnes ou absentéistes pour l'instant, mais chez les autres on s'amuse très correctement. Ou alors tu vas à la salle de sport, très populaire, un peu "Tu m'mates, j'te mate", mais surtout je ai pas encore assez de caillots de sucre dans le sang pour trouver la motivation de passer la vitrine.

Ou trouver sa place au sein d'une autre communauté, sur un passage obligé du campus, la seule plage où les Vancouverites peuvent à la fois aérer leurs parties et s'en griller une.

Descendez 300 marches à travers la forêt et vous arrivez à Wreck Beach, célèbre pour ses hippies, dont certains viennent parfois vous faire de la "Shy Therapy", ou Thérapie de Timidité. En général, des effluves d'odeurs ma foi assez peu désagréables vous chatouillent le nez, et un couple de quadragénaires se plante devant vous, la taille à hauteur de vos yeux, pour gentiment se faire prosélytes du nudisme. "Enlève ton maillot, les femmes adorent ça !" Mouais. Prenant le soin de bien les regarder droit dans les yeux, je leur ai répondu que le slip tombera surement, mais à la fin de l'année - quand je serai un peu plus "Made in Vancouver".









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